La pollution au Moyen Age - Jean-Pierre Leguay
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La pollution au Moyen Age - Jean-Pierre Leguay
Leguay Jean-Pierre, 1999, La pollution au Moyen-Âge, Edition Jean-Paul Gisserot, Paris
Je n'ai pas trouvé la quatrième de couverture.
Mon avis : Etonnamment, il se lit facilement et est bien documenté. Le sujet principal est finalement la voirie dans les villes.
Comme souvent, c’est surtout sur les conflits et arbitrages que l’auteur se base. C’est l’image d’une ville sale, mais chacune trouve progressivement des solutions.
J’en ai retenu principalement le pavement progressif des villes (et les problèmes d’artisan qui fait du mauvais boulot), l’évacuation ou non évacuation de l’eau (pollution due aux tanneurs, teinturiers, bouchers, …), et surtout ces hommes payés (ou non) pour récupérer les immondices des rues et les vendre comme fumier.
L’amateur du pipi/caca y trouvera son compte d’hommes et de bêtes qui font leurs besoins n’importe où et le vocabulaire qui va avec; celui des progrès du moyen âge, l’ingéniosité développée pour évacuer ou limiter la pollution - le pavement, rassembler les tanneurs en aval de la rivière, etc …
A conseiller à ceux qui se passionnent pour les Ponts et Chaussées ;p
A déconseiller aux écologistes ...
Dernière édition par Sophie des Bois le Ven 17 Juin 2016 - 16:35, édité 1 fois
Sophie des Bois- Messages : 36
Date d'inscription : 22/04/2014
Localisation : Chambéry
Re: La pollution au Moyen Age - Jean-Pierre Leguay
Effectivement, pas mal fait mais Legay, parait-il, a tendance à en rajouter une couche sur la "crasse médiévale"!
Dans "Le bourgeois de Paris", une série de chapitres parlent aussi des immondices, pavage des rues, etc..
Dans les "pollueurs": la boucherie...
Teinturerie et tannerie, effectivement, c'est une infection...d'autant que une série de teinture (et de tannage) se faisaient à coup d'urine...
Les "pipi-caca" humains étaient récoltés et servaient au maraichage en bordure des villes.
Il existait des latrines publiques, enjeux de rivalités à en avoir la propriété (ou le droit d'en bâtir une), vu que urines et excréments étaient recyclés utilement.
Idem, "on" récoltait aussi les pots de chambres.
Quant aux pipis sur les murs...pas certain que ce fusse très autorisé: Villon a eu quelques soucis avec ce genre de sport! (pas autorisé, cela ne veut pas dire que cela ne se faisait pas..).
Niveau "écolo": en ces temps-là, tout était bio-dégradable...On ne peut en dire autant actuellement....
Dans "Le bourgeois de Paris", une série de chapitres parlent aussi des immondices, pavage des rues, etc..
Dans les "pollueurs": la boucherie...
Teinturerie et tannerie, effectivement, c'est une infection...d'autant que une série de teinture (et de tannage) se faisaient à coup d'urine...
Les "pipi-caca" humains étaient récoltés et servaient au maraichage en bordure des villes.
Il existait des latrines publiques, enjeux de rivalités à en avoir la propriété (ou le droit d'en bâtir une), vu que urines et excréments étaient recyclés utilement.
Idem, "on" récoltait aussi les pots de chambres.
Quant aux pipis sur les murs...pas certain que ce fusse très autorisé: Villon a eu quelques soucis avec ce genre de sport! (pas autorisé, cela ne veut pas dire que cela ne se faisait pas..).
Niveau "écolo": en ces temps-là, tout était bio-dégradable...On ne peut en dire autant actuellement....
Re: La pollution au Moyen Age - Jean-Pierre Leguay
Je ne suis pas d'accord (encore et encore) au sujet de l'écologie : tout était certes trouvé dans la nature avant transformation mais cela ne veut pas dire biodégradable (et biodégradable ne veut pas dire écologique non plus). La pollution "chimique" existait déjà, à moindre échelle que la nôtre bien sûr.
Les matières toxiques, non biodégradables, sont déjà présentes dans la nature (il y a de l'uranium même dans l'écorce des arbres !), c'est leur concentration qui s'avère dangereuse.
Pour la ville médiévale, l'auteur du livre parle, en vrac, de : alun, plomb, noir de chaudière, liquides de fermentation, chiffe (pâte de chiffons macérés), vapeurs de souffre, tartre, extraits tanniques, soude, chaux, oxydes métalliques, salpêtre, d'émanations d'oxyde de carbone, de particules de suie que lâchent fours, cuves ou fosses à fientes, ....
Ces substances ne se dégradent pas mais sont emportées par l'air ou par l'eau. Si l'on considère un réseau fluvial plus lent que le notre, car moins canalisé, avec des bras morts, de l'eau stagnante notamment l'été, et qu'on ajoute la probable contamination des nappes phréatiques et puits ... ce n'est pas très bio tout ça !
Pour finir, un exemple de maladie due à une matière toxique et non biodégradable qui a fait des ravages au moyen âge et bien avant : le saturnisme, suite à l'utilisation du plomb pour les canalisations ou la fabrication de pots.
Pas besoin de pétrole pour polluer ! (même si on bat des records avec!)
(et ça continue, d'accord, d'accord)
Les matières toxiques, non biodégradables, sont déjà présentes dans la nature (il y a de l'uranium même dans l'écorce des arbres !), c'est leur concentration qui s'avère dangereuse.
Pour la ville médiévale, l'auteur du livre parle, en vrac, de : alun, plomb, noir de chaudière, liquides de fermentation, chiffe (pâte de chiffons macérés), vapeurs de souffre, tartre, extraits tanniques, soude, chaux, oxydes métalliques, salpêtre, d'émanations d'oxyde de carbone, de particules de suie que lâchent fours, cuves ou fosses à fientes, ....
Ces substances ne se dégradent pas mais sont emportées par l'air ou par l'eau. Si l'on considère un réseau fluvial plus lent que le notre, car moins canalisé, avec des bras morts, de l'eau stagnante notamment l'été, et qu'on ajoute la probable contamination des nappes phréatiques et puits ... ce n'est pas très bio tout ça !
Pour finir, un exemple de maladie due à une matière toxique et non biodégradable qui a fait des ravages au moyen âge et bien avant : le saturnisme, suite à l'utilisation du plomb pour les canalisations ou la fabrication de pots.
Pas besoin de pétrole pour polluer ! (même si on bat des records avec!)
(et ça continue, d'accord, d'accord)
Sophie des Bois- Messages : 36
Date d'inscription : 22/04/2014
Localisation : Chambéry
Re: La pollution au Moyen Age - Jean-Pierre Leguay
On est bien d'accord que une pollution est AUSSI le dépassement d'un ration X qui dépasse les compétences biologiques (larges) d'un endroit donné!
UN pipi dans un ruisseau ne va pas perturber l'écosystème du ruisseau.
Les toilettes d'une caserne qui s'y déversent: oui!
Etaler du lisier dans un champ explose l'odorat (coup à faire si on a 1 champ proche d'un voisin qu' n'aime pas trop), et ne perturbe pas franchement la bio-faune du sol et cela n'emb^te pas les abeilles....Cela ne colle pas le cancer, par contre! (moins vrai pour les saloperies phytosanitaires actuelles)
En échange, l'écoulement de ce lisier d'une porcherie industrielle, vu la concentration, là, ça craint!
Là-dessus, il est vrai que la population des villes au XIVème devait générer une solide pollution qui, avec les changements climatiques, a dû faire le lit de la Grande Peste (bon, des petits villages entiers ont aussi été dégommés).
Saturnisme aussi répandu suite aux tuyauteries?
Je sais pas trop: si ce saturnisme avait été aussi important, cela aurait compromis fortement toute descendance, non?
Super pollution aérienne sur charbon + soucis de tuyaux en plomb, je vois cela plutôt période victorienne (là, c'est certain!)
Pollution au MA: certes, mais pas la même que au XIXème en pleine révolution industrielle (avec développement record des maladies professionnelles...début exponentiel des cancers aussi, connus depuis l'antiquité, niveau médical). Quant à la pollution à notre époque, euh... là, c'est vraiment un très gros soucis et pas QUE pétrochimique.
UN pipi dans un ruisseau ne va pas perturber l'écosystème du ruisseau.
Les toilettes d'une caserne qui s'y déversent: oui!
Etaler du lisier dans un champ explose l'odorat (coup à faire si on a 1 champ proche d'un voisin qu' n'aime pas trop), et ne perturbe pas franchement la bio-faune du sol et cela n'emb^te pas les abeilles....Cela ne colle pas le cancer, par contre! (moins vrai pour les saloperies phytosanitaires actuelles)
En échange, l'écoulement de ce lisier d'une porcherie industrielle, vu la concentration, là, ça craint!
Là-dessus, il est vrai que la population des villes au XIVème devait générer une solide pollution qui, avec les changements climatiques, a dû faire le lit de la Grande Peste (bon, des petits villages entiers ont aussi été dégommés).
Saturnisme aussi répandu suite aux tuyauteries?
Je sais pas trop: si ce saturnisme avait été aussi important, cela aurait compromis fortement toute descendance, non?
Super pollution aérienne sur charbon + soucis de tuyaux en plomb, je vois cela plutôt période victorienne (là, c'est certain!)
Pollution au MA: certes, mais pas la même que au XIXème en pleine révolution industrielle (avec développement record des maladies professionnelles...début exponentiel des cancers aussi, connus depuis l'antiquité, niveau médical). Quant à la pollution à notre époque, euh... là, c'est vraiment un très gros soucis et pas QUE pétrochimique.
Re: La pollution au Moyen Age - Jean-Pierre Leguay
Rapidement sur le saturnisme (une couche sur le feu)
Ce n'est pas une maladie épidémique donc seuls ceux qui en sont en contact prolongé avec le métal ou des particules de ce métal sont concernés.
De plus, on peut être intoxiqué sans mourir, là encore une histoire de dosage.
Donc c'est pas non plus ça qui va interrompre toute descendance. (Sinon, avec tout ce qui reste encore de tuyaux de plomb, on serait encore tous malades).
Pour le nombre important ou non de cas de saturnisme :
Dans mes souvenirs de fac, le saturnisme est déjà mentionné à l'époque romaine (pas sous ce nom) chez les élites. Assez fréquemment pour que je m'en souvienne.
Dans l'ouvrage de Legay, pour l'époque médiévale, sont touchés les fabricants de pots et tuyaux en plomb et les hommes récupérant ce qui sort des tuyaux. On trouve mention de ces derniers comme hommes au teint livide (je ne sais plus si c'est verdâtre ou jaune) lié au saturnisme.
Sur internet et pas vérifié : Charles Quint atteint de "goutte saturnine". A la préhistoire, des morts liées au saturnisme dus au port de bijoux en plomb à même la peau.
Bonne journée ;p
Ce n'est pas une maladie épidémique donc seuls ceux qui en sont en contact prolongé avec le métal ou des particules de ce métal sont concernés.
De plus, on peut être intoxiqué sans mourir, là encore une histoire de dosage.
Donc c'est pas non plus ça qui va interrompre toute descendance. (Sinon, avec tout ce qui reste encore de tuyaux de plomb, on serait encore tous malades).
Pour le nombre important ou non de cas de saturnisme :
Dans mes souvenirs de fac, le saturnisme est déjà mentionné à l'époque romaine (pas sous ce nom) chez les élites. Assez fréquemment pour que je m'en souvienne.
Dans l'ouvrage de Legay, pour l'époque médiévale, sont touchés les fabricants de pots et tuyaux en plomb et les hommes récupérant ce qui sort des tuyaux. On trouve mention de ces derniers comme hommes au teint livide (je ne sais plus si c'est verdâtre ou jaune) lié au saturnisme.
Sur internet et pas vérifié : Charles Quint atteint de "goutte saturnine". A la préhistoire, des morts liées au saturnisme dus au port de bijoux en plomb à même la peau.
Bonne journée ;p
Sophie des Bois- Messages : 36
Date d'inscription : 22/04/2014
Localisation : Chambéry
Re: La pollution au Moyen Age - Jean-Pierre Leguay
Il y avait tous les travailleurs de l'étain (objets) qui comporte du plomb dans sa fabrication.
Accessoirement, on peut être atteint de saturnisme en mangeant dans des assiettes et gobelets (hanap et autres) en étain, si la concentration en plomb est trop importante + réaction chimique entre le dit plomb et le produit (aliment, etc...).
Avec des trucs un rien acides, le plomb réagit très bien pour former des sels de plomb.
Etain et plomb exigeait un "certain budget", ce qui explique les riches romains atteints de saturnisme.
Sinon il y avait aussi les conduits en terre cuite, moins cher (et moins toxiques!).
Autre "source" d'intoxication au plomb: la céruse ou blanc de céruse ou "blanc de plomb": un des "meilleurs" couvrants en peinture, insecticide de surcroît, connu depuis l'antiquité. Cela s'écaille, devient poussière qu'on respire (ou les moutards qui grattent la peinture et lèchent leurs doigts) et hop!
Ce produit fût aussi utilisé en cosmétique, comme fard sur la peau.
A vérifier si on ne l'utilisait pas déjà au XIIIème (ornement des dames). Au XVIème et après, les "certains statuts" s'en tartinaient" largement.
Là-dessus, il est clair que le "plombier" doit tenir la dénomination de sa profession de... l'usage des tuyaux en plomb!
Accessoirement, on peut être atteint de saturnisme en mangeant dans des assiettes et gobelets (hanap et autres) en étain, si la concentration en plomb est trop importante + réaction chimique entre le dit plomb et le produit (aliment, etc...).
Avec des trucs un rien acides, le plomb réagit très bien pour former des sels de plomb.
Etain et plomb exigeait un "certain budget", ce qui explique les riches romains atteints de saturnisme.
Sinon il y avait aussi les conduits en terre cuite, moins cher (et moins toxiques!).
Autre "source" d'intoxication au plomb: la céruse ou blanc de céruse ou "blanc de plomb": un des "meilleurs" couvrants en peinture, insecticide de surcroît, connu depuis l'antiquité. Cela s'écaille, devient poussière qu'on respire (ou les moutards qui grattent la peinture et lèchent leurs doigts) et hop!
Ce produit fût aussi utilisé en cosmétique, comme fard sur la peau.
A vérifier si on ne l'utilisait pas déjà au XIIIème (ornement des dames). Au XVIème et après, les "certains statuts" s'en tartinaient" largement.
Là-dessus, il est clair que le "plombier" doit tenir la dénomination de sa profession de... l'usage des tuyaux en plomb!
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