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Un Saint-Christophe de 1349

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Message  Raimond Roger TRENCAVEL Mar 4 Déc 2012 - 15:35

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Caché depuis des siècles, saint Christophe réapparaît Un Saint-Christophe de 1349 St_chr10



Un Saint-Christophe de 1349 Detail10
Détail de la tunique décorée de quadrilobes et de croix pattées. En haut de l’image, on distingue
les franges qui ornent la bourse du saint. La photo a été retouchée pour faire ressortir les traces
de peinture.



Un Saint-Christophe de 1349 Ce-mon10
Ce montage photo permet de distinguer, à gauche, le mur sur lequel figurent des traces de
l’ancienne peinture. À droite, la reproduction de saint Christophe interprétée par le peintre
colmarien Claude Oberlin. Les zones incertaines sont grisées. Les motifs de l’habit ainsi que
la bourse sont presque fidèles à l’original. Photos DNA – Franck Buchy



La collégiale de Colmar n’a pas encore livré tous ses secrets : une peinture monumentale représentant saint Christophe vient d’être découverte sur le transept sud de l’édifice. Elle remonterait au XIII e-XIV e siècle. La fresque, qui pourrait avoir resurgi à la faveur des pluies diluviennes de l’hiver dernier, a été découverte par un spécialiste des signatures des tailleurs de pierre.

Un miracle. Ou presque. C’est en jetant une fois de plus son regard curieux et averti sur la collégiale Saint-Martin de Colmar (1235-1365) que Claude Oberlin a découvert ce que personne n’avait vu avant lui. «Ça m’a sauté aux yeux. Les contours sont bien nets», raconte ce chef d’entreprise colmarien à la retraite, spécialiste en glyptographie, c’est-à-dire l’étude des marques laissées par les tailleurs de pierre.

«Je connais très bien l’édifice pour l’avoir observé pierre par pierre à la recherche de ces signatures lapidaires, mais je n’avais jamais vu ces restes de polychrome.»


Les pluies diluviennes de l’hiver dernier ont fait ressortir les pigments

Identifiées en mars dernier, les traces sont toujours visibles aujourd’hui. De couleur bordeaux pâle, les traits et les aplats de peinture tapissent le mur situé à l’aplomb droit du portail Saint-Nicolas, sur le transept sud de la cathédrale gothique. Cette partie de l’édifice est attribuée à Maître S. Humbret (1235), considéré comme le premier maître d’œuvre de la collégiale.

On distingue clairement le drapé d’une cape qui recouvre les bras levés du personnage et les motifs d’une longue tunique colorée, ainsi qu’une ceinture à laquelle est accrochée une bourse. La tunique est décorée de quadrilobes et de croix pattées à extrémités à trois pointes. Les deux brins de la ceinture pendent à la verticale.

La bourse, de forme triangulaire, est décorée à sa base par des franges. Elle est dessinée sur trois trous percés dans la pierre, ce qui laisse supposer qu’un élément en relief aurait pu y être fixé.


Reconstituer le puzzle

Claude Oberlin suppose que les pluies diluviennes de l’hiver dernier, frappant du sud, ont fait ressortir les pigments en lavant les particules de pollution. Les pigments ont infiltré la pierre, provoquant une réaction chimique, avance-t-il en voulant rester prudent.

Pour parvenir à donner un nom à ce personnage mystérieux à la tête et aux mains effacées, Claude Oberlin a passé de longues journées à relever, à la jumelle et pierre par pierre, les traces visibles pour reconstituer le puzzle avec le moins d’erreurs possible. Il a d’abord pensé à saint Nicolas, avant qu’un expert ne l’oriente vers saint Christophe. Le polychrome de la cathédrale colmarienne, haut de cinq mètres, daterait ainsi du XIII e ou du XIV e siècle. Comme les autres peintures, parfois monumentales, qu’on retrouve du même personnage à travers l’Alsace, de Soultz à Wissembourg en passant par Guebwiller et Goxwiller. La bourse, son crochet et ses franges sont identiques à ceux de l’église Saint-Maurice de Soultz.


Saint Christophe était imploré contre la peste et la mort subite

La dernière référence connue de la fresque colmarienne date du début du XX e siècle. L’architecte Winkler mentionne dans un écrit l’existence du polychrome de saint Christophe dont il estime la taille entre 4 et 5 m de haut.

Spécialiste des pierres lapidaires, Claude Oberlin n’entend pas empiéter sur le travail des historiens de l’art : «Je lance une trame de réflexion, que d’autres s’en saisissent». Il a reproduit l’œuvre avec sa sensibilité et son interprétation de peintre, bien conscient que son personnage n’a rien à voir avec les représentations naïves des XIII e et XIV e siècles. Auréolé, son saint Christophe tient l’enfant Jésus dans son bras gauche et une branche dans sa main droite.

La légende du patron des voyageurs et des chercheurs d’or le décrit comme un géant qui fait traverser une rivière au petit Jésus, d’où la taille imposante des représentations faites de lui à Wissembourg, Guebwiller et Colmar. Il était aussi invoqué contre la mort subite sans confession, très redoutée au Moyen Âge, et contre la mort noire.

Le saint aurait pu être peint dès le printemps 1349 lorsque la peste noire a atteint l’Alsace. Mais ce n’est qu’une hypothèse. Aux historiens de la vérifier. Sainte Odile pourrait leur ouvrir les yeux.


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Raimond Roger TRENCAVEL
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